Le Français du Toro : Dominique Malonga, dix-huit ans, attaquant au Torino, est un des trois plus jeunes joueurs du Calcio cette saison.

Seuls deux footballeurs plus jeunes que le talentueux Dominique Malonga ont participé depuis le début de la saison à des matches de Serie A : Fernando Martin Forestieri, dix-sept ans, avec Sienne, et Andrea Poli, dix-huit ans et deux mois, avec la Sampdoria de Gênes. Malonga, lui, dix-huit ans et onze mois (il est né le 8 janvier 1989, à Châtenay-Malabry), arrivé au Torino cet été, en est pour l’instant à huit apparitions en Première Division italienne. À chaque fois qu’il a joué, c’était après avoir démarré les rencontres sur le banc des remplaçants comme milieu offensif ou attaquant. Walter Novellino, le coach du Toro, aime le plus souvent le faire entrer à l’heure de jeu. Il reste alors au Français une trentaine de minutes pour s’exprimer. Malonga a marqué son premier but en Serie A le 11 novembre contre Catane TURIN – de notre correspondant permanent

Malonga a marqué son premier but en Serie A le 11 novembre contre Catane (1-1). Une précocité au plus haut niveau dont lui-même ne revient pas : « Quand je repense à comment je me comportais lorsque j’avais douze, treize ans, oh ! lala !… C’était il y a cinq ans seulement. J’avais chopé la grosse tête. Mais je ne m’en rendais pas compte. Je disais qu’au foot j’étais le meilleur… Oui, peut-être que j’aurais pu mal tourner. » Une tête brûlée, toujours partant pour la bagarre. « Dès qu’il y avait une embrouille, c’est bien simple, j’étais dedans. J’étais bagarreur…Heureusement, un de mes frères, Arlet, est intervenu. » Arlet, trente-six ans, est fier de son petit frère. « Je suis surtout heureux qu’il soit devenu un homme gentil, éduqué, poli, respectueux. Ça me rend plus ému que de le voir jouer dans le Calcio à dix-huit ans. » À treize ans, Dominique rejoint le centre de préformation de Châteauroux. « Ç’a été la meilleure solution pour lui, explique Arlet. Comme j’habite à une petite heure de Châteauroux, il dormait chez moi les vendredi et samedi soir. Il a fallu que je lui donne une nouvelle éducation. Avant qu’il n’arrive à ce centre, lorsqu’il jouait à Montrouge, tous ses copains lui disaient que c’était une star… Et il le croyait. Je lui ai fait comprendre qu’il fallait qu’il apprenne l’humilité, que l’on ne réglait pas les problèmes avec ses poings. Un jour, son entraîneur à Tours, où il jouait le week-end pendant ses deuxans àChâteauroux, m’aappelé pour me dire que Dominique courait dans les bois derrière le gardien de but et qu’il voulait le taper… » Malonga ne cache rien : « La première année à Châteauroux, j’étais passé en conseil de discipline. Je crois que si je n’avais pas été bon au foot, eh bien, j’aurais été renvoyé. » « Les Italiennes sont trop collantes »

Aujourd’hui, le Français du Toro, convoqué pour jouer avec l’équipe de France des moins de 19 ans contre l’Italie le 12 décembre, est un tout autre garçon, qui raconte son histoire d’une voix douce. En 2004, il prit la direction de Monaco, où il passa trois ans. « La première saison, avec les 16 ans nationaux, ce ne fut pas terrible, soupire-t-il. La deuxième, au début, j’avais les boules parce que mes copains étaient montés avec les 18 ans nationaux, et pas moi. Finalement, ça s’était arrangé. Enfin, la saison dernière, après avoir débuté avec les 18 ans, j’ai pas mal joué avec la CFA. Et, au printemps, Monaco m’a proposé un contrat Élite (deux ans stagiaire puis trois ans pro). J’ai beaucoup cogité. Parce que Tottenham, Newcastle, le Real Madrid, Valence, le Genoa et le Torino s’intéressaient àmoi. Je ne suis pas tombé d’accord d’un point de vue sportif avec l’ASM et j’ai rejoint le Toro, qui m’a fait signer un contrat pro de cinq ans. » Marc Keller, directeur général de l’AS Monaco, joint hier après-midi, donne une explication différente : « Dominique Malonga est un bon joueur, que l’on voulait garder. Mais il est parti pour une raison financière. Nous n’avons pas voulu exploser notre grille des salaires. Nos autres joueurs nés en 1989 ont accepté le contrat Élite qu’on leur avait proposé. Cette histoire montre que la formation française n’est pas assez protégée. »Monaco et le Torino ne se sont pas mis d’accord sur l’indemnité de formation que le club turinois devra verser à l’équipe de la Principauté. « La FIFA n’a pour l’heure émis qu’une délivrance provisoire de lettre de sortie concernant Dominique, poursuit Keller. Ce sera à la chambre de résolution des litiges de la FIFA de juger l’affaire sur le fond. » En attendant Malonga voit loin : « Je rêve de jouer au Real Madrid un jour. » En attendant, le voilà étonné d’une chose en Italie : « Les filles draguent beaucoup. Ma prof d’italien me drague ! Les Italiennes sont trop collantes. Faut pas que je tombe amoureux ici… »

TURIN – de notre correspondant permanent
YOANN RIOU

MDSCONSEIL le 08 Décembre 2007

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